Cette fiche (en construction) a été élaborée avec l’aide de Monsieur Pema Koivogui, de l’association ACTEURS POUR L’HABITAT – APOHA.
ELEMENTS DE CONTEXTE
La Guinée est aussi appelée Guinée-Conakry, du nom de sa capitale pour la différencier de la Guinée-Bissau et de la Guinée équatoriale. La langue officielle y est le français.
UN PAYS BENI DES DIEUX
Selon les Guinéens, la Guinée-Conakry est un pays béni d’Allah. Il est surnommé le “château d’eau de l’Afrique de l’Ouest” pour son réseau hydrographique. Ses ressources minières sont énormes et comprennent des métaux rares tels le cobalt et l’uranium, en plus de l’or et du diamant …
HISTOIRE
Dès le 8e siècle, les Nalou et les Baga peuplent la région, rejoints par les Jalonkés. Au cours des IXe jusqu’au XIe siècle, le royaume de Mandigue sera vassal de l’empire du Ghana. Cet empire va perdurer jusqu’au XIIIe siècle en Afrique de l’Ouest. A ce moment, l’empire du Ghana décline et c’est l’empire Malien qui conquière ces territoires, s’y installant jusqu’au XVe siècle. L’arrivée des Peuls et des Mandigues au XVIe siècle va apporter l’islam en Guinée qui, dès le XIXe siècle, est presqu’entièrement islamisée. A la fin du XIXe siècle (1891), c’est le début de la colonisation par la France, colonisation qui durera jusqu’en 1958. C’est alors le très populaire Ahmed Sékou Touré qui deviendra le premier Président de la “République populaire révolutionnaire de Guinée” ; les fonctionnaires de la République devaient alors décroché le téléphone en disant : “Allo ! Prêts pour la révolution !”. Ce fut aussi l’occasion de réviser le système scolaire et de codifier le premier alphabet guinéen. Des milliers de Guinéens vont cependant fuir ce régime très dictatorial. Après sa mort, en 1984, vont se succéder de nombreux régimes politiques, certains via une prise de pouvoir par les militaires (coups d’Etat), d’autres via les urnes. En 2009, un massacre a lieu contre des manifestants qui s’opposent au pouvoir en place. De nombreux observateurs des droits de l’homme estiment qu’il reste beaucoup à faire en Guinée-Conakry …
APPARTENANCES DEMOLINGUISTIQUES
Il existe environ 30 ethnies parlant des langues différentes sur le territoire. Les statistiques sont anciennes et peu fiables. Parmi les groupes les plus connus, citons les Peuls, les Malinkés et les Soussos, répartis dans les 4 grandes régions géographiques du pays. La grande complexité de l’appartenance provient de ce qu’il existe de nombreux regroupements (mixages) entre ethnies. Ces regroupements peuvent prendre la forme d’assimilation, d’apparentement et les sous-groupes. La Guinée pratique ce que l’on appelle le “multiliguisme stratégique” : le français est la langue pour l’appareil d’Etat, mais les autres langues sont utilisées pour les services à la population, les tribunaux, les médias,…
CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE
– Niveau de scolarisation
Seulement 38% des enfants guinéens sont scolarisés, proportion qui tombe à 18% pour les filles en zone rurale, et ceci malgré les investissements importants de l’Etat. La langue française, devenue langue nationale après Sékou Touré a permis d’utiliser des manuels scolaires. Mais les classes sont surpeuplées et le métier d’enseignant est dévalorisé.
– Niveau de pauvreté
Près de la moitié de la population guinéenne vit en dessous du seuil de pauvreté. L’une des caractéristiques de la pauvreté est la très forte concentration des revenus (indice de Gini élevé). Depuis 2003, la pauvreté s’est fortement aggravée, selon la Banque Mondiale et le Ministère du Plan, ceci étant dû à la forte dégradation économique du pays depuis cette date.
La pauvreté se situe davantage dans les zones rurales qu’urbaines, mais elle est aussi en augmentation dans les villes. la pauvreté se répartit inégalement selon la géographie du pays : la Haute Guinée et la Moyenne Guinée sont les régions les plus pauvres du pays. Il existe une cartographie de la pauvreté en Guinée Conakry.
Le pays connaît ces dernières années (2012) une croissance économique importante, due à ses secteurs minier et agricole. La Banque Mondiale et le FMI estiment que la Guinée oeuvre de manière satisfaisante afin de réduire la pauvreté (en ce compris la santé et la scolarité des enfants).
– Accès aux infrastructures socio-économiques
De nombreux investissements relativement récents ont permis d’améliorer l’accès des ménages à l’eau potable. L’urbanisation rapide, l’insuffisance des équipements et les problèmes de gestion ont malheureusement contribué depuis les années 2005 à réduire cet accès.
La population guinéenne est faible consommatrice d’énergie. Le charbon de bois constitue un des principaux combustibles des familles. Les produits pétroliers sont importés et destinés principalement aux sociétés minières, au transport, aux travaux publics et accessoirement à l’agriculture. Le pays est naturellement doté d’un potentiel hydroélectrique considérable qui reste peu exploité.
Sources de cette introduction :
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Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan de Guinée “Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DSRP2 2007-2010”. Télécharger le document
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Université de Laval : Université de Laval
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Le Monde : “le bilan du monde – économie et environnement” édition 2013.
L’HABITAT
CONTEXTE HISTORIQUE RECENT
En 1984, à la mort de Sékou Touré, un premier effort de gestion et de planification urbaine après l’indépendance est réalisé en 1987 dans la ville de Conakry, avec un “plan de développement urbain – PDU”. La Banque Mondiale, la France et la Communauté européenne prennent part à ce projet. Les efforts ont été portés sur les infrastructures urbaines (voirie et drainage) ainsi que sur l’aménagement de terrains dans la ville. Le phénomène de croissance urbaine est alors géré par les autorités : unification du réseau urbain – décongestion des zones très peuplées – amélioration de la liaison habitat/emploi. Des règles sont mises en place en ce qui concerne la propriété foncière et l’urbanisme et des équipements sont réalisés en vue de proposer de nouveaux terrains à bâtir. Mais l’Etat n’était pas assez riche que pour proposer du “logement social”. Un projet de développement de ce type de logements est actuellement en cours (2012-2013).
La croissance urbaine est un phénomène observé principalement dans la ville de Conakry ainsi que dans les cités minières. Les villes secondaires ne sont que peu concernées par cette croissance, l’habitat y est resté de type rural, à l’exception de bâtiments administratifs à plusieurs étages.
Le milieu urbain se caractérise par un développement assez anarchique de l’espace, un manque d’infrastructures, une pénurie de logements (surtout à Conakry), une déficience en réseau d’assainissement et en eau potable, une pénurie en électricité.
L’absence de cadre légal et réglementaire crée une forte insécurité foncière, des mécanismes particuliers de financement des logements, des lotissements sommaires et une mauvaise qualité des constructions. Les populations urbaines vivent dans des conditions de vie dégradées ou insalubres, avec une quasi absence de viabilisation des terrains ainsi que de l’éclairage public. Ceci favorise les maladies et la malnutrition !
L’habitat spontané occupe une part importante de l’espace urbain ; le branchement à l’eau potable s’est dégradé ; la collecte des ordures ménagères est insuffisante tout comme les moyens de transport collectif.
Des études sont en cours avec le PNUD et Shelter Afrique afin de créer une “Banque de l’habitat” en Guinée.
Pour aller plus loin : lire le livre “La Guinée” de Muriel Devey Malu Malu, éd. Karthala, 2009.
HISTOIRE DES VILLES – PATRIMOINE
L’habitat en Guinée reste très préoccupant. Il n’existe aucune politique d’habitat pouvant permettre à la population, surtout les pauvres, d’avoir accès aux logements. Les villes et les villages du pays sont encore caractérisés par l’anarchie dans l’occupation des sols et dans la construction des logements. On constate Un déficit en infrastructures et services sociaux de base, une dégradation drastique des l’environnement ainsi que du cadre de vie pour la majorité des citadins. Une politique d’habitat au niveau national permettrait de poser les problématiques du secteur et de donner un cadre global de référence ainsi que des réponses en matière d’habitat acceptées par tous les acteurs.
– Caractéristiques de l’habitat
L’urbanisation accélérée, le taux de croissance démographique et surtout l’insuffisance de l’offre en matière de logement, se sont traduits par un développement important de l’habitat précaire. L’habitat précaire se traduit en Guinée par :
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Un manque de services de base, notamment l’accès à la parcelle, à l’eau potable, à un assainissement adéquat, à l’électricité, au pavage des rues,…
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La mauvaise qualité des matériaux de construction.
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La précarité liée à la localisation des constructions (bâties sur des terrains inondables, pollués ou sujets aux glissements de terrain) et de sécurisation foncière du logement.
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Le surpeuplement : densité élevée d’occupation des parcelles, des maisons et des pièces pour dormir et même pour travailler.
– Pauvreté et accès à l’habitat décent
Les audits urbains conduits depuis 2001 révèlent qu’environ 80% de la population guinéenne vit dans des zones non structurées (habitat informel) et, de ce fait, n’a pas accès aux services urbains nécessaires à leur cadre de vie. Pour ces ménages qui habitent des taudis en général, le principal matériel de construction est le banco. On constate également un taux de promiscuité plus élevé dans les grandes villes : il y a jusqu’à 6 personnes par pièce à Conakry et dans les grandes villes, alors que la moyenne nationale est de 2,7 personnes.
Sources de cette partie :
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Acteurs Pour l’Habitat (APoHa)
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Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan de Guinée “Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DSRP2 2007-2010”. Télécharger le document
HABITAT URBAIN VERSUS HABITAT RURAL
L’association Acteurs Pour l’Habitat distinguent pas moins de 4 types d’habitat urbain et 3 types d’habitat rural. Ils estiment que cette typologie, en lien avec le type d’habitat – les infrastructures et les équipements (urbains), montrent l’ampleur et la variété de la précarité liée à l’habitat :
HABITAT URBAIN
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L’habitat ancien régulier : il occupe les centres villes en général et est caractérisé par de fortes densités. Ces zones structurées durant la période coloniale, sont régulières et immatriculées, mais souvent sous-équipées. Elles ont l’avantage d’avoir des tracés de routes qui permettent le développement de réseaux, de voiries, de drainages, d’eau, d’assainissement et d’électricité.
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L’habitat nouveau : un important stock de maisons de plus ou moins bonne qualité se développe dans les zones périphériques et industrielles des villes. Ces zones qui n’ont pas fait l’objet d’aménagement urbain ou foncier ont été souvent morcelées au gré de la volonté des “coutumiers”. En conséquence, les tracés des routes qui sont irréguliers empêchent la déserte par un système de voiries et de réseaux divers ainsi que de services urbains.
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L’habitat groupé résiduel : est constitué de parcelles bornées et enregistrées sur lesquelles sont construits des villas et des immeubles de moyen ou haut standing développé par des acteurs publics ou privés.
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L’habitat groupé économique : il comprend des cités socio-professionnelles fortement dégradées. Ce type d’habitat se retrouve dans toutes les villes.
HABITAT RURAL
Les problèmes d’habitat se posent avec acuité aussi bien en milieu urbain à cause des fortes concentrations des populations et de leurs activités, que dans les campagnes où les habitants ont des ressources financières très limitées. C’est pourquoi il faut examiner également l’habitat rural que l’on peut catégoriser ainsi :
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L’habitat groupé : il est composé de petites cases construites en banco avec des toits en chaumes et de faibles soubassements. les cases sont organisées autour d’une cour collective et servent d’habitation, de cuisines, de greniers, de toilettes.
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L’habitat dispersé : il est constitué de concessions familiales souvent clôturées par des haies vives ou sèches et comprend de grahndes cases rondes et des jardins destinés à la polyculture intensive.
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L’habitat linéaire : le long des grands routes, il s’est développé de petites villes ou villages qui sont des centres de commerce et de services divers (vente de produits agricoles, par exemple).
En conclusion, l’isolement de certains village et la tendance migratoire des jeunes paysans vers les localités urbaines accentue la précarité dans ces localités où les ressources financières des habitants sont limitées et découlent essentiellement des activités d’agriculture, d’élevage et de pêche, activités pratiquées de manière traditionnelle avec des moyens rudimentaires. Un phénomène non moins important qui caractérise l’habitat rural est la dégradation avancée de l’environnement due au déboisement intensif et aux feux de brousse.
Source : Acteurs Pour l’Habitat (APoHa)
Aspects légaux
DROIT AU LOGEMENT
Au niveau de la Constitution guinéenne, deux articles concernent plus spécifiquement le droit au logement :
art.12 : le domicile est inviolable. Il ne peut y être porté atteinte qu’en cas de péril grave et imminent, pour parer à un danger commun ou pour protéger la vie des personnes. Toute autre atteinte, toute perquisition ne peut être ordonnée que par le juge ou par l’autorité que la Loi désigne dans les formes prescrites par celle-ci.
art.13 : le droit de propriété est garanti. Nul ne peut être exproprié si ce n’est dans l’intérêt légalement constaté de tous, et sous réserve d’une juste et préalable indemnité.
Parmi les outils légaux en Guinée, citons le Code Foncier Domanial (CFD), le Code de l’Urbanisme (CU), le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) et des Schémas Directeurs d’Aménagement et d’Urbanisme pour certaines villes. La ville de Conakry dispose de son propre Plan de Développement Urbain (PDUC). Les divers codes sont accessibles sur le site Internet suivant : Site Internet sur les législations.
Le site d’actualité guinéen http://www.aujourdhui-en-guinee.com donne de nombreuses informations sur la situation du droit au logement en Guinée. Plusieurs articles montrent combien les villes minières de Guinée sont sujettes aux violences contre les habitants, violence pouvant aller jusqu’à des actes de terrorisme.
En 2012, la Politique Nationale de l’Habitat a lancé sa “Vision Habitat 2021” pour le pays. Cette vision stratégique à moyen terme s’énonce ainsi : “La mise en place d’un cadre de vie sain et sécurisé, par la promotion d’un habitat accessible et répondant aux besoins des populations, dans une perspective de développement régional équilibré, de développement économique efficace, écologiquement soutenable et socialement équitable.” Les acteurs de la société civile attendent des résultats concrets de cette vision stratégique.
EXPULSIONS FORCEES
L’ONG Acteur Pour l’Habitat (APoHa) dénonce des cas d’expulsion de familles, notamment en lien avec de grands travaux d’infrastructure routière. Fiche info site HIC.
DROIT FONCIER
ACCAPAREMENT DES TERRES
GROUPES VULNERABLES
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Jeunes
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Personnes âgées
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Femmes
PRATIQUES INTERESSANTES
Aspects sociaux et économiques
MARCHE DU LOGEMENT
En 2002, une enquête est menée (QUIBB), permettant d’établir que, dans la capitale de Conakry, on trouve 34,5% de propriétaires pour 52,7% de locataires.
Les rapports entre propriétaires et locataires sont difficiles et sont accentués si l’on est jeune, célibataire, voire d’une autre ethnie que le concessionnaire du logement. Un jeune témoigne : “J’ai été plusieurs fois victime de mon état de célibataire. On peut chercher, négocier après quand le propriétaire se rend compte que tu es célibataire il te dit honnêtement qu’il ne veut pas d’un célibataire. Pourtant ce n’est pas tout le monde qui souhaite se marier avant d’avoir un local” Source : article d’Hadja Mariama Diallo – Site Internet : aujourd’hui-en-guinée.
QUALITE DU LOGEMENT
HABITAT INFORMEL / BIDONVILLE / SANS-ABRI
ROLE DES POUVOIRS PUBLICS
– LOGEMENT SOCIAL
Le gouvernement guinéen a pris la décision en 2012 de se lancer dans un programme de réalisation de logements sociaux à prix abordables, notamment en vue de réduire la crise du logement dans la ville de Conakry. C’est la société nationale de promotion immobilière (SONAPI) qui est chargée de veiller sur ce projet figurant parmi les priorités de l’Etat guinéen. Source : http://www.guineeweb.net
Aspects culturel – religieux – symbolique
Aspects écologiques
La forte humidité du pays laisse à penser que le développement d’énergies hydro-électriques seraient une possibilité en Guinée.
PROBLEMES MAJEURS SELON LA SOCIETE CIVILE :
REVENDICATIONS MAJEURES DE LA SOCIETE CIVILE :
QUELQUES MOUVEMENTS SOCIAUX :
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ACTEURS POUR L’HABITAT – APoHa = Les contacter.
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Publiez Ce Que Vous Payez Guinée – PCQVP : cette coalition nationale est un organe de pression et de revendication face aux sociétés minières. Elle défend les droits des travailleurs et des habitants en lien avec ces sociétés minières. Voici un de leur plaidoyer en 2012 : Constats et Recommandations.