TOUR DU MONDE DE L’HABITAT VU PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE

Chili

#Mots-clés : Dernière mise à jour le 8 septembre 2017

URBANISATION

Histoire des Villes – Patrimoine

Habitat urbain

Selon le dernier recensement, un peu plus de 13 millions de Chiliens vivent en zone urbaine, représentant 86,59 % de la population nationale. Seule 13,41 % de la population vit en zone rurale. Depuis les années 1920, l’exode rural est intensif, du fait de la volonté de fuir la misère des campagnes et de trouver de meilleurs conditions de vie en ville. Ainsi, dès ce moment-là, les agglomérations et conurbations voient leurs populations augmenter nettement. Aujourd’hui, la capitale, Santiago, et sa périphérie (Gran Santiago) regroupent 40 % des Chiliens, soit six millions d’habitants. Ces fortes densités urbaines ont naturellement entraîné la création de poblaciones ou campamentos(bidonvilles), surtout entre 1960 et 1980 qui abritent 9% de la population urbaine chilienne (chiffres UN Habitat). Bien que plus salubres et mieux équipés que les bidonvilles d’autres métropoles latino-américaines, les poblaciones sont à l’origine de sérieux problèmes de sécurité, de transports et d’aménagements urbains. En 2005, on comptait 453 campamentos au Chili, dans lesquels sont rassemblées 8000 familles. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/84/Campamentoutpch.JPG/250px-Campamentoutpch.JPG

Malgré une baisse de la natalité, le Chili reste un pays relativement jeune : 34 % des Chiliens ont moins de 20 ans, et 15 % ont plus de 55. Toutefois, tout comme les pays développés, la population du Chili a tendance à vieillir rapidement : la couche la plus jeune de la population a diminué, tandis que la plus âgée va en augmentant, en partie grâce à une espérance de vie à la naissance plus longue : 77 ans (80 pour les femmes et 74 pour les hommes). En moyenne, la famille chilienne est composée de 3,6 personnes.

Habitat Rural

Comme cela a déjà été expliqué plus haut, seulement 13 % de la population chilienne vit dans des zones rurales. Pour caractériser celui-ci, prenons l’exemple de l’habitat traditionnel sur l’Altiplano. Chaque famille a plusieurs bâtisses et les familles sont séparées de plusieurs mètres ou centaines de mètres. L’espace familial se construit autour d’une cour intérieure, entourée d’un mur d’enceinte et de plusieurs dépendances. La terre est toujours beaucoup utilisée comme matériau, ce qui permet une bonne isolation. Le toit en chaume est la toiture traditionnelle par définition. Elle permet une bonne isolation thermique à un coût raisonnable. Dans les villages, les constructions sont plus regroupées que dans la campagne, mais les matériaux restent les mêmes (la terre pour les murs, et le chaume ou des tuiles pour les toits).

Source : site internet 6climats6habitats Site internet

ASPECTS LEGAUX

Droit au Logement

La Constitution chilienne de 1980 reconnaît l’obligation de l’État de respecter et de promouvoir les droits reconnus dans la Constitution et dans les traités internationaux ratifiés par le Chili. Le 2 Février 1977, le Chili a ratifié le principal traité sur les droits de l’homme consacrant le droit humain à un logement décent. Ce droit n’est pas simplement un droit de propriété, mais un droit de jouissance et de bien-être humain. Cependant, en droit chilien et dans la pratique, le logement est considéré comme un bien matériel qui est acquis par la propriété. La politique du logement de l’État vise uniquement à faire fructifier le marché des propriétaires, sans reconnaître d’autres alternatives. Le droit au logement est vu plus comme un mécanisme de financement permettant d’accéder à un toit de façon abordable, en laissant de côté les autres attributs du droit humain : la sécurité d’occupation, l’accès aux services, l’accès aux biens environnementaux, l’accès préférentiel pour les groupes vulnérables ou ceux qui sont soumis à la discrimination, la localisation et l’adéquation culturelle. Les logements fournis par l’État chilien sont officiellement attribués comme avantage ou récompense par rapport à un effort fourni, concepts qui sont incompatibles avec l’essence des droits de l’homme.

En favorisant exclusivement la pleine propriété, la culture politique et économique de l’État décourage les alternatives telles que les options de location contrôlées, ou la gestion collective.

En ce qui concerne le logement social, celui-ci est créé principalement en périphérie des grandes villes, ce qui assure une ségrégation sociale et spatiale, et la stigmatisation qui en résulte. En raison de cette politique, l’Etat a été le producteur de ghettos urbains.

Au cours des trois dernières décennies, les politiques du logement ont tenté de renverser ces processus par des mécanismes tels que l’allocation de localisation, ou l’augmentation des subventions. Cependant, il est clair que ces mesures ne peuvent pas supplanter les nécessaires politiques de gestion des terres garantissant l’accès à des ressources communes. Les politiques actuelles n’ont pas de dispositifs spécifiques pour les groupes particulièrement vulnérables comme les sans-abris, les immigrants, les Roms, les personnes âgées, les jeunes, les personnes handicapées et les populations autochtones. L’isolement et la discrimination matérielle vécue par ces groupes ne sont pas résolus seulement par le logement, mais par des mesures plus complètes. Certains groupes sociaux tels que les migrants qui vivent dans des conditions sordides ne sont couverts par aucune politique sociale ni de logement.

Le système juridique n’a rien prévu pour protéger le droit à un logement décent. La politique du logement fait partie d’une politique sociale visant principalement à vaincre la pauvreté. Cependant, dans la pratique, on se concentre uniquement sur la réduction du déficit de logements et le ciblage efficace des ressources disponibles, tout en ignorant la primauté des droits humains.


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Expulsions Forcées

“Peñalolén se mobilise contre le Plan de règlementation territorial développé par Orrego (maire de la commune)” Vidéo envoyée par un membre de l’Alliance Internationale des Habitants sur la mobilisation des habitants de Peñalolén, une commune de la province de Santiago contre la planification territoriale prônée par le maire, argumentant que ce ‘plan régulateur’ ouvre la porte à des projets immobiliers car les terrains que l’ont souhaite densifier serviront uniquement pour des grands projets immobiliers, en détruisant 40 % de la communauté écologique : Regarder la video

Droit Foncier

Accaparement de Terres

Groupes Vulnérables

Pratiques intéressantes

  • Peñalolen : Depuis 1999, plusieurs centaines de familles occupent des terrains situés dans la commune de Peñalolen à Santiago du Chili. En un an, ces familles ont construit leurs modestes maisons, ont installé l’électricité, l’eau potable, se sont dotées d’une imposante infrastructure communautaire, ont mis au point des mécanismes de démocratie participative… Bref, bien plus que d’un simple terrain vague, ces familles se sont réapproprié leur avenir et ne demandent que la reconnaissance légale de ce qu’elles ont acquis de chaude lutte. Jusqu’à présent, ces familles n’ont reçu pour seule réponse que la répression. Aujourd’hui menacées plus que jamais d’une éviction violente par les forces de l’ordre, ces familles font appel à la solidarité internationale afin de dissuader le gouvernement chilien de réprimer par la force cette expérience d’autogestion populaire par laquelle des centaines de familles se sont appropriées non seulement un toit, mais également une organisation communautaire autonome.Plus d’infos
  • Première école nationale pour dirigeants sociaux pour le droit au logement au Chili (2008) : Les dirigeants communautaires se sont réunis à Santiago du Chili pour une formation et partager des expériences sur la lutte pour le droit au logement. L’objectif de ce séminaire était de générer un espace pour les dirigeants d’organisations communautaires de la zone métropolitaine facilitant l’échange d’expériences et la formulation de stratégies visant à garantir le droit au logement au Chili.
  • BUDGET PARTICIPATIF : 3 projets intéressants au Chili :
    • Quillota, un centre agricole au centre du Chili, est une ville de taille moyenne avec 76 000 habitants et se trouve à 60 kilomètres de Valparaiso, la capitale régionale. PB a commencé ici en 2008 et a été interrompu pendant un an en 2010 en raison du tremblement de terre qui a secoué le pays.
    • Également situé dans la région de Valparaiso, San Antonio est similaire en taille (87.000 habitants en 2002) à Quillota et est un port chilien majeur. Il a été durement touchée par le séisme de 2010, à peine remis de la secousse 2005 qui avait en grande partie détruit toute la ville. Ici aussi, PB, qui a commencé en 2006, a été interrompu pendant un an en 2010.
    • La Serena est une ville historique sur la côte du nord du Chili, établie en 1544. Une capitale régionale de plus de 160 000 habitants, il est célèbre pour ses plages, qui en font une destination nationale pour des vacances d’été. En dépit d’être un BP retardataire (il a commencé en 2009), La Serena est rapidement devenu très actif au sein du Forum BP chilien et hôte de la réunion nationale annuelle en 2012. Dans le même temps, il a produit, avec le soutien de l’Association chilienne des municipalités, un excellent livre sur l’expérience. Sous la direction et le championnat de son maire, La Serena placé l’accent sur la société civile et l’éducation des personnes, ce qui explique sans doute la qualité du processus jusqu’à présent.
    • Plus d’informations: sur le concept du Budget Participatif sur le document de travail fait par le prof. Y. Cabannes (IIED 2014): http://pubs.iied.org/pdfs/10713IIED.pdf

ASPECTS ECONOMIQUES ET SOCIAUX

Marché du Logement

Qualité du Logement

Les plus pauvres, souvent d’origine immigrée, vont – dans les années 60 – habiter dans ce qui est appelé des “Conventillos”, logement pauvre occupé collectivement où l’on retrouvera de l’insalubrité, du surpeuplement, de la délinquence. Origine historique des conventillos.

Habitat informel / Bidonville / Sans-abri

ROLE DES POUVOIRS PUBLICS

Au Chili, le logement n’est pas considéré comme un droit, mais en termes de marchandise dont la qualité dépend des ressources financières impliquées. Cela est lié à la définition du logement subventionné par l’Etat : de faible coût, avec une norme minimale en termes de matériaux, ce qui est en opposition avec la conception de l’Organisation des Nations Unies sur les attributs d’un logement décent.(INDH, 2012, p. 261)

Logement social

Les logements sociaux sont créés principalement en périphérie des grandes villes, ce qui assure une ségrégation sociale et spatiale, et la stigmatisation qui en résulte. En raison de cette politique, l’Etat a été le producteur de ghettos urbains.

Pionnière en Amérique latine, le Chili a lancé une politique de construction de logements sociaux publics dès les années 1980. Mais, ces logements engendrant des problèmes urbains et sociaux majeurs, divers programmes de rénovation ont vu le jour dans les années 2000, le dernier en date préconisant la destruction partielle de certains lotissements. Source : LPED, 2013.

Dans le cadre du logement social, les militants critiquent la politique du gouvernement qui se porte garant des prêts des plus pauvres auprès de la banque d’Etat par crédit hypothécaire, et les fait expulser en cas d’impayés, plutôt que d’investir directement dans les logements. Plus d’infos

ASPECTS ECOLOGIQUES

Bibliographie & Sitographie

  1. CADTM – Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde – Raúl Zibechi « Vers un nouveau cycle de luttes en Amérique latine », 2013.

MOUVEMENTS SOCIAUX

Problèmes majeurs

Recommandations ou Propositions

  • Au Chili, l’Etat considère le logement comme une simple marchandise. Ceux qui ont besoin de logements sont considérés comme demandeurs ou bénéficiaires d’un don fait par l’Etat, ce qui nie l’essence même du droit à un logement décent.
  • Le Chili devrait cesser de favoriser uniquement la propriété sous sa forme pleine et entière en vue d’assurer un logement convenable.
  • Bien que les coûts des terrains continuent d’augmenter dans toutes les villes chiliennes, on observe une ségrégation spatiale (les ménages à faibles revenus sont relégués dans des endroits inférieur aux normes), ce qui renforce aussi la pauvreté et entrave le développement. L’Etat doit intervenir dans le développement urbain en vue d’éliminer cette polarisation sociale.
  • La politique doit lutter contre la marginalisation perpétuelle, la ghettoïsation et la discrimination envers les habitants des logements sociaux par les autorités et les communautés locales.
  • Le Chili devrait revoir la politique du logement pour les populations autochtones en s’assurant que l’offre de logements respecte leurs valeurs foncières culturelles.

Liste non exhaustive de mouvements sociaux actifs

  • MOVIMIENTO DE POBLADORES EN LUCHA – MLP : Site InternetLes contacter
  • FEDERACION NACIONAL DE POBLADORES – FENAPO : Mouvement social qui se mobilise pour le droit au logement. Voir une Vidéo.
  • INSTITUTO NATIONAL DE DERECHOS HUMANOS – INDH : La mission de l’Institut est de préserver et de promouvoir la pleine réalisation des droits de l’homme au Chili. Site Internet
  • CONSEJO DE MOVIMIENTOS SOCIALES DE PENALOLEN
  • ANDHA (AGRUPACION NACIONAL DE DEUDORES HABITACIONALES) CHILE A LUCHAR DEMOCRATICO : Notre partenariat se compose principalement de femmes qui luttent pour mettre fin aux affaires chiliennes à propos du logement social.Site Internet
  • UN TECHO PARA CHILE – TECHO : TECHO est une jeune ONG présente en Amérique latine et dans les Caraïbes. Grâce au travail conjoint des familles vivant dans l’extrême pauvreté avec de jeunes bénévoles, TECHO vise à remédier à la pauvreté dans les bidonvilles. Site Internet
  • RED HABITAT – CHILE : l’Atelier de projets et investigations de l’habitat urbain et rural est une association privée sans but lucratif, dont le siège est en Bolivie, qui existe depuis 1993. cette association fédère les diverses forces vives du pays en matière de droit au logement. Facebook : https://www.facebook.com/people/Red-Habitat-Chile/100004289418495