TOUR DU MONDE DE L’HABITAT VU PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE

Périurbanisation

Dernière mise à jour le 12 septembre 2019

Ce néologisme désigne l’urbanisation diffuse qui est observable en milieu rural au voisinage des agglomérations urbaines. Il tend à remplacer d’autres concepts dont le sens est identique ou voisin : exode urbain, exurbanisation, contre-urbanisation et rurbanisation. Il ne s’agit pas d’une réaction contre les villes mais plutôt d’une nouvelle phase de l’urbanisation.

Description

Amorcée aux États-Unis et au Canada dès les années 1950, la périurbanisation s’est développée en Grande-Bretagne et en Suède dans les années 1960, en France et en Italie dans les années 1970. Elle n’a pas cessé depuis lors avec, toutefois, une tendance au ralentissement depuis le début des années 1980. En Europe, elle est caractérisée essentiellement par le développement de l’habitat dans une large couronne entourant les agglomérations. Ses modalités sont diverses : rénovation ou réhabilitation de l’ancien habitat villageois, construction de maisons neuves en bordure des villages, construction de maisons individuelles ou de lotissements de maisons individuelles hors des villages (« nouveaux villages »). Le milieu reste rural en apparence, car la plus grande partie de l’espace naturel et agricole subsiste, mais en fait il est profondément transformé. Les agriculteurs ne forment plus qu’une petite fraction de la population, qui est avant tout constituée de classes moyennes d’origine citadine (cadres, techniciens, employés). Les habitants du milieu périurbain habitent à la campagne mais vont dans l’agglomération voisine pour travailler, faire leurs achats, se distraire ou utiliser les services offerts.

L’extension des zones périurbaines est fonction de la taille et du dynamisme de l’organisme urbain : elle s’étend jusqu’à 5-10 km pour une petite ville, 10-15 km pour une ville moyenne et 20-40 km pour une grande ville. Pour une très grosse agglomération, c’est plus encore : dans le cas de Paris, par exemple, le phénomène périurbain est observé dans des espaces distants de 50 à 100 km selon les directions ; il s’étend d’autant plus loin qu’existent des voies de communications rapides ; il est d’autant plus net que le paysage est plaisant.

La périurbanisation se manifeste aussi, avec des modalités comparables, dans les zones touristiques, spécialement le long des côtes les plus belles et dans les montagnes les plus attrayantes.

Facteurs

Le développement de la périurbanisation s’explique par une conjonction de facteurs. Le coût très lourd des acquisitions immobilières dans les agglomérations urbaines, même en banlieue, a amené de nombreux ménages, surtout les ménages avec enfants souhaitant un logement suffisamment spacieux et un jardin, à s’installer en zone périurbaine. Le phénomène a été rendu possible par la large diffusion des véhicules individuels suite à l’élévation du niveau de vie dans les années 1950 et 1960. Une résidence périurbaine est assurément moins onéreuse mais elle a pour contrepartie des frais élevés de transport ; pour les ménages ayant deux actifs, ce qui est devenu fréquent, elle impose souvent la possession d’une deuxième voiture.

La recherche d’un logement moins dispendieux est allé de pair avec le souhait d’un retour à une vie plus simple et plus proche de la nature à partir de la fin des années 1960 ; il s’est traduit en particulier par un net engouement pour la maison individuelle. Le développement de l’habitat périurbain pose un certain nombre de problèmes en matière d’urbanisme et d’aménagement. C’est particulièrement net dans le cas de la périurbanisation des zones touristiques.

Source : Définition Larousse

Parmi les facteurs identifiés, ceux qui relèvent de choix politiques sont multiples et se cumulent :

  • Les politiques du logement, en facilitant l’acquisition au logement, via des politiques d’accès au crédit immobilier. Les ménages ont alors tendance a vouloir acquérir des logements qui demandent un peu plus d’espace qu’un simple appartement et, au vu des prix du foncier, ces ménages s’éloignent des centres urbains.
  • Les politiques de mobilité : le développement de vastes réseaux autoroutiers – train – etc. d’un côté et une politique fiscale qui encourage les transports individuels (voiture) de l’autre sont aussi des facteurs favorisant la périurbanisation.
  • Les politiques urbaines : soit parce que la ville est jugée polluante, dangereuse, avec un cadre de vie dégradé – soit parce que la ville (via des phénomènes de gentrification) connaît des prix trop élevés, les habitants cherchent à se loger en dehors de celle-ci. (Voir à ce propos le concept de droit à la ville).
  • Les politiques immobilières : les pouvoirs publics ont tendance à se désengager de la gestion des parcs immobiliers (via par exemple le logement social-public) au profit des sociétés immobilières privées qui pratiquent des prix nettement plus élevés. A nouveau le coût du logement créer cette périurbanisation.
  • Les politiques fiscales : les pouvoirs locaux pratiquent des politiques fiscales en matière de logement qui peuvent attirer ou refouler les (futurs) habitants. Le coût de l’impôt foncier ou cadastral a un effet attractif ou répulsif.
  • Les politiques d’aménagement du territoire : les autorités locales ou nationales décident des zones à bâtir et des démarches administratives pour obtenir un permis de bâtir. Cependant le coût et la durée pour obtenir une autorisation de construire peuvent être tels que l’habitat informel dans un espace non autorisé reste une solution pour certains. Et ces espaces se situent en bordure de ville (bidonville).

Source : Source : Cet article s’inspire très largement du dossier « La Ville compacte » édité par le CPCP – collection « Au quotidien » – Belgique – 2015 – http://www.cpcp.be/wp-content/uploads/2019/05/ville-compacte.pdf

Voir aussi : Ville compacteEtalement urbain